La Commune de Sonvilier vient de valider les résultats de la votation sur le projet éolien des « Quatre Bornes ». La décision de la Préfète du Jura bernois, qui a rejeté la totalité des recours formulés contre la votation du 27 septembre 2020, entre ainsi en force. C’est une bonne nouvelle pour le fonctionnement de nos institutions démocratiques : la décision confirme que le vote s’est tenu dans des conditions irréprochables et que la campagne a permis à tout un chacun de se forger sa propre opinion en connaissance de cause.
La lecture des considérants de la décision mérite qu’on s’y arrête, afin de comprendre les motivations qui ont incité pas moins de dix personnes à recourir contre le résultat. Six d’entre elles ont fait valoir une prétendue « désinformation répandue par les opposants », lesquels auraient diffusé une « argumentation mensongère ». Les recourants n’ont pas non plus hésité à invoquer de prétendues « influences » exercées sur des ayants droits. Ne reculant devant rien, ils en viennent même à affirmer que des avantages en nature auraient été offerts, notamment de prétendus repas au restaurant.
Concernant les insinuations de corruption avancées par les recourants, nul n’est besoin de rappeler ici les méthodes utilisées par le promoteur du projet telles que des places VIP pour assister à des matches de hockey ou des dons ici et là à des clubs de la région. À propos d’avantages en nature, on se rappellera certainement l’apéritif offert par les promoteurs à Sonvilier sept semaines avant la votation, le 1er août 2020, proposant des boissons et leurs « accompagnements solides », comme le précise l’invitation parue dans la Feuille d’avis de Courtelary du 17 juillet 2020. À en croire le communiqué publié dans ce même journal le 14 août 2020, pas moins d’une « centaine de personnes » auraient ainsi bénéficié d’avantages en nature. Si distorsion du vote il y a eu, ce n’est probablement pas dans le sens que veulent faire croire les recourants, qui avaient au passage récupéré la Fête nationale pour appuyer leur cause.
Une telle imagination laisse pantois lorsqu’on parcourt les arguments émotionnels mobilisés pour vendre le projet, à coup d’annonces payantes dans les médias : autonomie énergétique de Sonvilier, sauvetage du climat, amélioration du paysage et de la biodiversité, retombées économiques, financières et fiscales pour la commune, etc, la liste est longue.
La décision de la préfecture est sans appel : « le processus complet de formation de l’opinion par les électeurs et la transparence du processus décisionnel en démocratie directe ont été préservés […]. Le vote s’est déroulé dans des circonstances qui ont permis à la libre volonté des ayants droit au vote de se former de manière fiable ». On saluera donc une décision exemplaire.