Éoliennes de La Joux-du-Plâne : recours au Tribunal fédéral

Les riverains du projet de parc éolien des « Quatre Bornes » recourent au Tribunal fédéral contre la décision du Tribunal administratif neuchâtelois portant sur les 3 machines de La Joux-du-Plâne. Ils dénoncent le caractère arbitraire de l’arrêt de la cour neuchâteloise qui repose sur une pesée d’intérêts incomplète

On s’en rappelle : alors que la population de Sonvilier a démocratiquement refusé les 7 machines de la partie bernoise du projet éolien des « Quatre Bornes », le promoteur – Groupe E Greenwatt – a décidé de passer en force et de poursuivre la procédure sur le versant neuchâtelois.

En passant de 10 machines à 3, le projet n’a plus rien à voir avec celui qui avait été mis à l’enquête en 2020. La jurisprudence fédérale est pourtant claire : lorsqu’un projet est profondément modifié, une nouvelle mise à l’enquête est nécessaire afin de pouvoir rendre une décision fondée. Or le Tribunal neuchâtelois n’a pas traité cet aspect des choses, rendant ainsi un jugement incomplet. Il ne s’agit pas d’une argutie juridique : dans les faits, le Tribunal a dû effectuer une pesée d’intérêts pour 3 machines, sur la base d’un projet prévu pour 10, comprenant des expertises de bruit, des calculs de production, ou encore des impacts sur l’environnement qui n’ont plus rien à voir avec la réalité.

La Cour neuchâteloise n’a pas jugé nécessaire de jeter un regard objectif sur l’argumentation des promoteurs. En considérant les arguments de Groupe E comme un ensemble de vérités intangibles, elle en vient, dans son jugement, à reproduire les justifications partisanes de Groupe E, pour qui ce projet éolien, comme tous les autres, fait miroiter de juteux bénéfices, notamment grâce aux prix très élevés de l’électricité qui viennent s’ajouter à la subvention fédérale à l’investissement (60% des coûts d’investissement).

La Cour s’est également montrée sourde à l’impact cumulé des différents projets éoliens dans le périmètre du Parc naturel régional Chasseral. Ce sommet symbolique de l’arc jurassien qu’est le Chasseral se retrouverait entouré, en plus du parc éolien existant à Mont Crosin (16 machines), des projets de Crêt-Meuron, d’Eole-de-Ruz, de Sonvilier, de la Joux-du-Plâne, de Mont-Sujet, et de Jeanbrenin, soit un total de 50 installations.

La transition énergétique et écologique ne saurait se faire contre l’environnement et contre la population. Les alternatives sont là, en particulier le photovoltaïque sur les infrastructures existantes, qui permettrait, comme l’a montré l’EPFL, de décarboner la Suisse en trente ans. Les alternatives sont moins chères et plus écologiques. Nul doute que cette option sans éolienne ne plaît pas aux promoteurs.